Des automobiles bientôt interdites de circulation en ville ? Ecologiquement fondé, socialement injuste !

Huit agglomérations françaises vont bientôt tester des zones d’interdiction de voitures polluantes. Il s’agit de ZAPA (Zones d’Actions Prioritaires pour l’Air) qui prévoient l’exclusion de certains véhicules. Pour le ministère de l’Ecologie, l’enjeu est de bannir les véhicules les plus polluants des villes afin d’améliorer la qualité de l’air. Au total, 8 millions d’automobiles ayant plus de 13 ans d’âge, 1,6 million de deux-roues et 300 000 poids lourds sont dans le collimateur du ministère. Pourquoi ? Tout simplement parce que ces véhicules ne peuvent pas être équipés de filtres à particules.

Huit agglomérations vont tenter une expérimentation à partir de 2012, durant une période de 3 ans : Paris, Saint-Denis, Lyon, Grenoble, Clermont-Ferrand, Bordeaux, Nice et Aix-en-Provence.

Selon Nathalie Kosciusko-Morizet, « l’objectif est avant tout sanitaire car la pollution aux particules fines est [soit disant] responsable de 42 000 morts en France chaque année et fait chuter de huit mois notre espérance de vie, sans compter les crises d’asthme, les allergies, les maladies respiratoires et cardio-vasculaires. » Sur le plan du développement durable, cela parait donc pertinent. Cependant, au-delà de l’aspect écologique, le développement durable comporte également un volet social et là, il y a un hic ! En effet, les détenteurs des véhicules visés sont généralement ceux qui sont dans les situations financières les plus compliquées. Comment mettre en place une interdiction qui les pénaliserait directement ? Il faut rappeler que de nombreuses associations avaient militées pour que la prime à la casse s’applique également pour l’achat de voitures d’occasion récentes afin de moderniser le parc automobile français et permettre aux personnes étant financièrement les plus fragiles d’obtenir un véhicule plus économique en carburant et moins polluant. Le gouvernement avait refusé cette mesure. Il parait impossible de forcer des personnes en situation de précarité ou ayant un faible revenu à acheter une nouvelle voiture.

Pour l’instant, l’expérimentation est à la carte : les agglomérations sont libres de n’interdire qu’une certaine catégorie de véhicules, par exemple seulement les poids lourds. Le périmètre géographique et certaines modalités, comme les horaires ou les périodes d’interdiction, seront également fixés par chaque ville. Une fois que les villes auront défini les modalités d’application du plan, elles auront en conséquence la possibilité de dresser un PV d’un montant maximal de 68 euros en cas d’infraction.

On peut aussi penser que Nathalie Kosciusko est implicitement en faveur des citadines et des futurs véhicules électriques. Selon la ministre, « l’avenir en ville est aux petites voitures et aux véhicules électriques ». Est-ce bientôt la fin des 4×4 en ville ? Un mal pour un bien finalement ?

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Written by Alexandre Rocourt
Spécialisé en management de la communication et des médias, passionné par le web et les nouvelles technologies.